Téléskis des Prés d’Orvin

60 ans au service des amateurs de sports d’hiver !

(1954 – 2014)
Dès la fin du 19^e siècle et la construction de plusieurs funiculaires dans notre région (celui reliant Bienne à Evilard fut inauguré le 20 janvier 1898 [Revue Intervalles n° 99 p. 42]), l’accès à nos « montagnes » devint plus aisé et les sports d’hiver connurent un essor progressif, certes moins marqué que dans les Alpes mais bien réel quand même. Les anciens orvinois connurent certainement le tremplin de saut des Prés d’Orvin, où s’entraîna notamment Fritz Tschannen du SC Mont Soleil et qui fut champion suisse de saut à ski en 1948 [Revue Intervalles n° 84 p. 40], ainsi que les navettes-taxi privées entre Evilard et les Prés d’Orvin que conduisaient Arthur Auroi, puis Georges et Armand Aufranc.

La longue tradition de sports d’hiver aux Prés d’Orvin connut un coup d’accélérateur lorsqu’une équipe de passionnés imaginèrent au début des années 1950 la construction d’un téléski; ils furent parmi les précurseurs de la région et avait pour nom Daniel Charpilloz, industriel à Bévilard, Sydney Charpilloz, représentant à Tavannes, Armin Mottet, électricien à Orvin et Armin-André Mottet, horloger-rhabilleur à Orvin. Ils s’approchèrent du propriétaire des lieux, M. le Dr. Herman Fuhrimann, vétérinaire à Bienne, avec lequel il conclurent le 26 mai 1954 un contrat de servitude leur permettant la construction et l’exploitation d’un remonte-pente. Il y était spécifié également que la construction d’une buvette était envisagée, de même qu’un second remonte-pente, et que les exploitants pouvaient mettre le terrain à ban pour tous les skieurs n’utilisant pas le téléski ! L’accès, les moyens de transport et la promotion n’étant pas aussi aisés qu’actuellement, cette première installation avait comme clientèle principale les résidents des chalets aux Prés d’Orvin, parmi lesquels on comptait notamment les familles Aufranc, Heuer, Hinderling, Ilg, Manigley, Reber, Scarinzi, Schneeberger. Les installations furent mises en fonction la première fois lors de l’hiver 1954/1955. Parmi les premiers clients se trouvait Jean-Marc Grosjean, qui œuvra ensuite comme employé aux installations durant 25 ans entre 1962 et 1987, et dont le fils Jean-Maurice a repris le flambeau. Les anecdotes rapportées par ces premiers clients sont nombreuses et savoureuses ; mentionnons par exemple le souvenir d’un hiver 1966 inoubliable, marqué en janvier par une telle quantité de neige qu’il fut impossible d’ouvrir les installations ! Ou encontre la famille Heuer qui fut la première sur la montagne à avoir acquis un skidoo et qui le mit régulièrement à disposition de Sydney Charpilloz pour faire la trace de remontée des téléskis.

Le deuxième téléski fut construit en 1962 et mis en fonction la même année, quand bien même l’hiver très doux ne fut guère favorable puisque les installations ne fonctionnèrent que durant 8 jours ! Qui a parlé d’hivers moins rudes ? Ce deuxième téléski est l’actuel « grand » remonte-pente qui s’approche du sommet du Mont Sujet et qui permet de jouir d’une splendide vue sur Bienne, le plateau suisse et les Alpes. Cette construction  précéda d’une année celle du restaurant du Grillon, en 1963, établissement tenu depuis lors toujours encore par la famille Jeandrevin. C’est sans doute pour cette raison que la construction d’une buvette ne fut jamais réalisée.

Un troisième téléski  fut acquis d’occasion en 1967, celui-là même qui était déjà en fonction sur la pente juste en face des installations actuelles, à proximité de la cabane du Club Alpin Suisse.

Deux autres petits remonte-pente de type fil-neige vinrent compléter les installations en 1969 et 1971.

La parcelle de terrain sur laquelle se trouvent les installations fut reprise en 1984 par la Ville de Bienne et la Commune municipale d’Orvin. Quant à la société exploitante, elle est propriété majoritairement de la Commune municipale d’Orvin depuis 1999, l’autre actionnaire étant la Bourgeoisie d’Orvin.

Dans les annales des téléskis, il ne faut pas omettre de mentionner l’accueil le 26 février 2011 de la 24^e Coupe de ski des parlementaires du canton de Berne, manifestation placée sous l’égide du député biennois Pierre-Yves Grivel. Malgré un enneigement délicat, tout fut mis en œuvre pour qu’une trentaine de personnes puissent parcourir 2 manches de slalom, ce qui fut très apprécié par certains membres du Grand Conseil qui étaient en même temps des compétiteurs chevronnés, dont Corinne Schmidhauser, gagnante de la Coupe du monde de slalom en 1987. La manifestation se poursuivit de façon conviviale en partageant un excellent repas au restaurant du Grillon.

Depuis 1999, le conseil d’administration et les responsables d’exploitation ont eu à cœur de maintenir les installations en bon état et offrir à la clientèle les meilleures conditions possibles pour la pratique du ski et du snowboard. Des investissements importants furent ainsi consentis ces 15 dernières années, le montant cumulé dépassant largement le demi-million de francs ; il s’est agit notamment de réviser et remplacer régulièrement les parties mécaniques et électromécaniques des installations, de se conformer aux prescriptions légales pour les travaux d’entretien sur pylônes, de remplacer les machines pour le damage des pistes, d’aménager le terrain pour offrir de meilleures pistes de remontées, de construire un nouveau bâtiment pour y abriter nos machines ainsi qu’un local pour le poste de secours et un local réservé à la location de matériel. Ces investissements purent tous être autofinancés grâce à une gestion très prudente des ressources. Cette politique est appréciée par les deux collectivités publiques propriétaires de la société, qui elles-mêmes renoncent comme actionnaires à toute distribution de dividende.

Le domaine skiable auquel est adjoint un snow parc se trouve à proximité de la ville de Bienne, sur les premiers contreforts Sud de la chaîne du Jura. Une illumination complète du domaine permet le ski nocturne, activité bienvenue après une journée de travail et qui constitue un « must » lorsqu’elle est suivie d’une fondue aimablement servie au restaurant du Grillon. Le domaine est accessible en transports publics en 26 minutes depuis la gare principale de la ville ! Il s’étend sur les pentes Nord du Mont Sujet, entre 1030 m et 1230 m d’altitude. Nous sommes ainsi tributaires des conditions météorologiques saisonnières, l’enneigement ne pouvant pas être garanti comme en très haute altitude. Cette évolution climatologique est du reste le souci de nombreuses stations de l’Arc jurassien, des Préalpes, voire des Alpes, qui doivent consentir de lourds investissements pour fidéliser la clientèle et pour garantir un enneigement suffisant. La production de neige artificielle étant impossible aux Prés d’Orvin (altitude trop basse, coût d’investissement et d’exploitation trop élevés), nous ne pouvons compter que sur des conditions climatiques bienveillantes !

Cela étant, il est néanmoins intéressant d’observer que les installations furent ouvertes en moyenne durant 60 jours lors des 15 dernières saisons (soit depuis la saison 1998/1999) ; l’hiver le plus défavorable fut celui de 2006/2007 qui ne permit que 4 jours d’ouverture ; le plus favorable fut enregistré en 2008/2009 avec 117 jours d’exploitation soit près de 4 mois ; les installations durent être fermées à mi-mars par manque de clients, qui préféraient profiter du printemps naissant sur le bord du lac de Bienne ! Avec un chiffre d’affaires brut journalier moyen de CHF 5’000.-, le seuil de rentabilité est atteint après un mois d’exploitation. C’est dire si chaque jour d’ouverture compte, et une météo favorable en fin de semaine représente une source de revenus très appréciable. A côté de la billetterie, inchangée depuis la nuit des temps et qui constitue la seule source de revenu, nous comptons avec de fidèles sponsors, qui nous soutiennent pour certains de très longue date.

Il faut souligner également l’engagement important de toute l’équipe d’exploitation qui garantit, dès l’ouverture matinale, des installations en parfait état de marche et des pistes impeccablement préparées la veille au soir, ou souvent durant la nuit. Cette précieuse équipe représente quelques 25 personnes, occupant pour la plupart des postes à temps partiel. Plusieurs sont des agriculteurs de la région ou du village. A leur tête, nous retrouvons un responsable général, M. Jean-Marc Auroi, ainsi qu’un responsable du personnel, M. Bernard Burger, et un responsable technique, M. Jean-Maurice Grosjean. Ce triumvirat est responsable de la bonne marche opérationnelle des installations. Chacun fait preuve d’un engagement sans faille avant, pendant et après la saison d’hiver pour permettre à notre clientèle de pratiquer le ski et le snowboard dans les meilleures conditions possibles. Une équipe de patrouilleurs parfaitement organisés assure également, durant le week-end, les premiers secours ainsi que la prise en charge des blessés, fort heureusement rares.

La durée de vie de nos installations ne pourra pas être prolongée indéfiniment. Le seuil de rentabilité, s’il est atteint en moyenne depuis 1999, n’est pas non plus largement dépassé. Ainsi, en gardant une certaine couverture en liquidité pour garantir un à deux hivers sans neige, le conseil d’administration prend soin de réinvestir régulièrement dans la mesure de ses capacités. Toutefois, ces montants restent limités. Le conseil d’administration se penche ainsi régulièrement, et de manière plus importante ces derniers temps, sur les perspectives d’avenir. Une réflexion orientée vers la clientèle fut déjà menée en 2006 et elle avait conduit à solliciter une offre pour une installation complémentaire donnant accès au sommet du Mont Sujet ; elle fut cependant abandonnée, notamment pour des raisons de coûts et de priorité à fixer dans les investissements. Le conseil d’administration étudie actuellement plusieurs variantes. Il dispose en particulier d’une offre pour une nouvelle installation parallèle au « grand » téléski et qui conduirait à terme à abandonner l’installation la plus ancienne. L’investissement à consentir dépassant le million de francs, cette variante nécessite cependant une réflexion très approfondie. En effet, une entreprise de remontées mécaniques comme celle des Prés d’Orvin a la particularité de ne pas pouvoir garantir annuellement un produit d’exploitation, ce qui conduit à de grandes difficultés lorsqu’il s’agit de solliciter un financement – même partiel – par des fonds étrangers. Nos ressources propres sont donc essentielles. A côté de cela, le conseil d’administration étudie également la piste de fonds provenant d’une nouvelle souscription publique, à l’image de celle qui eut lieu en automne 1999 ; cet élan de sympathie, de générosité et de solidarité avait permis la récolte de fonds importants qui furent engagés dans leur totalité à la remise en état des installations et des machines après leur reprise par la commune d’Orvin.

Conscient de l’importance sociale et économique que représentent les téléskis des Prés d’Orvin, le conseil d’administration et les responsables opérationnels mettent tout en œuvre pour que cette offre très attractive pour la pratique des sports d’hiver puisse se renouveler pour de très nombreuses années encore. Ces installations représentent souvent pour les familles et les plus petits le premier contact avec la neige. Nous en sommes très fiers et espérons offrir ainsi les conditions nécessaires à l’apprentissage du ski et au renouvellement générationnel de ce sport ! Depuis quelques années, les écoliers du Bas-Vallon dispose d’un accès à prix réduit sur l’abonnement, financé en partie par les communes. Nous tenons à remercier notre fidèle clientèle, régulière ou de passage ainsi que l’ensemble de nos partenaires, privés ou communaux. Si dame Nature le permet, peut-être pourrons-nous fêter un jour les 100 ans des téléskis des Prés d’Orvin !

Orvin, le 14 janvier 2015/gz